Bonjour mon amour!

C'était à l'hiver 1983. Janvier. Réunis entre amis à la cafétéria de la polyvalente, j'entrevois de l'autre côté de la salle une magnifique jeune fille. C'est la plus belle que je n'aurai jamais la chance de rencontrer au cours de ma vie. Je suis au 5e secondaire. Tu en es à ta 3e année. Sans le savoir, tu allais devenir le plus grand amour de ma vie. L'amour qui allait se perpétuer, mais qui allait aussi se suspendre dans le temps comme un fruit qui ne serait jamais cueilli.
Je raconte ici, sous le couvert de l'anonymat, les péripéties d'un amour qui a traversé le temps. Après 27 ans, notre histoire se poursuit dans la plus grande discrétion. C'est une histoire comme on pourrait en voir au cinéma. Chacun de notre côté, nous avons, malgré nous, préservé la flamme d'un amour qui ne s'est jamais éteinte. Un grand secret que nos parents, nous familles, nos enfants et nos conjoints respectifs ne connaîtront peut-être jamais. Comme la souche d'un volcan qui brûle sous terre pendant que rien ne paraît en surface. Un amour brûlant de vie.

samedi 16 juin 2012

"Here I am, this is me"


Ma belle amour,
L’été arrive à grands pas. De façon régulière, presque chaque jour, je visite ton compte 8810 pour avoir de tes nouvelles. J’y laisse un petit mot ici et là pour te tenir au courant de ce qui m’arrive, espérant que j’y trouverai un petit coucou surprise.
J’ai quitté mon petit appartement que j’appelais affectueusement mon petit nid d’amour. Fini le stationnement intérieur, la piscine et les longues soirées sur mon balcon avec vue sur une magnifique cour. J’emménage dans une petite maison dans l’ouest de la ville. J’aurais tellement aimé que tu sois de ce projet. Je continue de le souhaiter de tout mon cœur.
Je crois comprendre ton silence. Je le trouve cruel. N’empêche que je tiens à ce que tu saches que je ne t’en veux pas. Je garde à l’esprit les mots que tu m’as si souvent répétés : « je ne veux plus jamais te perdre ». C’est identique en ce qui me concerne. Mes sentiments sont toujours présents, et toujours aussi forts.
Parfois, je trouve que la vie est cruelle. J’aurais envie de le crier si fort pour que tu puisses m’entendre : pourquoi ce silence. Je meurs d’envie de t’entendre, de te parler, de te sentir, de te serrer dans mes bras, de t’embrasser, t’aimer.
Notre histoire ressemble à celle d’Évangéline et Gabriel, cruellement séparés par la déportation des acadiens. Cette histoire a inspiré la chanson Évangéline et certains passages me touchent particulièrement :
« (…) Au matin ils ont embarqué
Gabriel sur un grand voilier
Sans un adieu, sans un sourire
Et toute seule sur le quai
Tu as essayé de prier
Mais tu n'avais plus rien à dire (…) ».
Malgré que je trouve la vie cruelle par moments, je continue de croire que j’ai eu une chance extraordinaire. Si j’avais été l’auteur de notre histoire, elle se serait déroulée d’une bien différente façon. Malgré tout, j’arrive à dire merci que nos chemins se soient croisés et qu’un autre chapitre se soit écrit après plus de 20 ans. Je continue de prier pour que d’autres chapitres encore inconnus attendent de nous dévoiler la suite de notre amour inconditionnel qui a traversé les années envers et contre tous.
Notre histoire est magnifiquement belle et triste à la fois. Ma gorge se resserre lorsque  je relis ce passage de la fin d’Évangéline et Gabriel :
« (…) Gabriel mourut dans tes bras
Sur sa bouche tu déposas
Un baiser long comme ta vie
Il faut avoir beaucoup aimé
Pour pouvoir encore trouver
La force de dire merci (…) ».
Ne t'inquiète pas, je ne passe pas mes journées à écouter ou à lire Évangéline. Je ne suis pas maso à ce point. Ce soir, j'ai un petit élan de nostalgie. Je m'ennuis. Lorsque je fais de la route, je réécoute régulièrement cette chanson que tu m'as donnée (Bryan Adams). Elle me donne espoir et donne un sens à ce qui arrive. Elle me fait penser à toi. Si je pouvais, je te les murmurerais à l’oreille :
« (…) Here I am next to you
And suddenly the world is all brand new
Here I am where I'm gonna stay
Now there's nothin standin in our way
Here I am this is me (…) ».
Tu es constamment présente dans mes pensées. J’ai cru que mes sentiments finiraient par se dissiper avec le temps, que je réussirais à tourner la page, passer à autre chose. Comme si tout était écrit à l’avance, je suis incapable de changer quoi que se soit. Ce que je ressens semble être profondément gravé. Je pourrais faire semblant, jeter la serviette, courir la galipote pour me convaincre du contraire ou trouver une stratégie pour m’évader. Je n’y arrive pas. Bref, je fais avec, ça fait partie de moi, « this is me ».
Tu me manques. 

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